Vers la fin du 19e siècle, Isabelle Massieu, veuve fortunée, se lance dans une série de voyages qui la mèneront dans de nombreux pays asiatiques. Le présent récit relate ses pérégrinations en Asie du Sud-Est. Est-ce pour démontrer que "ce qu'une femme seule peut entreprendre est à la portée de tous" qu'elle décide de partir ? Toujours est-il qu'elle est peu loquace sur les difficultés de son périple ; toute la richesse de son ouvrage réside dans l'évocation de ses découvertes et de ses rencontres. Les analyses d'Isabelle Massieu, qui s'inscrivent dans le contexte colonial de l'époque, n'en sont pas moins éclairées par ses connaissances géographiques et ethnographiques, son intelligence et son discernement. Elle fait également preuve d'une réelle empathie face aux populations indigènes et décrit avec précision les différentes ethnies, leurs particularités, leur culture, leurs pratiques religieuses et leurs traditions. Par ailleurs, ses observations sur les paysages parcourus sont empreintes de poésie et de sensibilité. Des anecdotes et autres faits historiques, tels que sa visite auprès du roi Norodom ou les scènes d'amour et de carnage dont le palais de Mandalay fut le théâtre au temps du roi Theebaw, ponctuent sa narration et lui confèrent un intérêt historique certain. Femme moderne pour son époque, elle fut l'une des premières exploratrices à voyager munies d'un appareil photographique, ce qui lui a permis d'agrémenter son ouvrage d'une soixantaine d'illustrations.